Oeuvres de Michelle Caroly

Le corps du Roi-Soleil

Souverain absolu instaurant la monarchie de droit divin, grand politique tenant tête à l'Europe entière, travailleur infatigable - telle est l'image du Roi-Soleil que nous a léguée l'histoire. Cependant, grâce au Journal de Santé tenu scrupuleusement par ses médecins tout au long de son règne, nous découvrons que le plus grand de nos rois fut aussi, en dépit de sa robustesse et de sa longévité, un familier de la souffrance.

Ainsi, s'appuyant sur ce document unique, Michelle Caroly nous révèle-t-elle un Roi-Soleil inattendu. Louis XIV, en effet, affronte très tôt de graves maladies, subit des opérations chirurgicales hasardeuses, connaît d'incessants troubles psychosomatiques, et endure le calvaire quotidien de remèdes à l'efficacité douteuse.

Le dur métier de roi - et la permanente mise en scène qu'il implique - engendre-t-il une pathologie particulière ? Et n'est-il pas possible d'établir, au-delà de la chronique de santé, des rapports suggestifs entre les maux physiques et les enjeux politiques ou militaires ?

A Versailles, tous les regards convergent vers le corps du Roi-Soleil. Ce corps, triomphant ou souffrant, ne pouvait être un corps humain comme un autre, ni pour la cour, ni pour le royaume, ni pour le roi lui-même.

Quelques pages extraites de Le corps du Roi-Soleil, Grandeur et misères de sa Majesté Louis XIV.

Le corps caché du Roi-Soleil

Louis XIV, objet de glorification, a de multiples formes : Roi-Soleil, Jupiter, Alexandre le Grand, empereur romain, héros du grand siècle caracolant en campagne, monarque hautain sur fond d'hermine et de bleu fleurdelisé, séducteur à la jambe provocante gainée de soie blanche, pater familias dans un fauteuil entouré de sa famille, bravache à l'œil noir d'une expression égale, sûre et sereine, masque enrubanné, poli, poudré, emplumé. On ne voit jamais le naturel de l'homme. Et pourtant, c'est aussi un corps malade, corps souffrant sous son caparaçon bariolé de roi, corps démystifié par le Journal de Santé tenu par trois de ses plus fameux médecins.
L'histoire, qui a tendance a oublier que ses héros sont faits de chair et de sang, nous représente un roi brillant qui, dira Voltaire, "l'emportait sur tous les courtisans par la richesse de sa taille et la beauté majestueuse de ses traits". Mais le Journal de Santé dévoile un roi dépouillé de sa grandeur, un homme fragile comme tout autre, qui vécut la plupart de sa vie dans un état maladif, victime de fréquentes indispositions, tourmenté dès l'âge de vingt-quatre ans par des vertiges et des vapeurs qui dureront jusqu'à sa mort, sujet à des éruptions cutanées et aux abcès, goutteux à l'âge de quarante-quatre ans, épuisé par des fièvres continues et de graves opérations pratiquées parfois pour la première fois dans l'Histoire, graveleux dans sa vieillesse.
Malgré ces maux quasi quotidiens, Louis XIV ne fut vaincu par la gangrène qu'à l'âge de soixante-dix-sept ans. Déjà enfant, il avait une volonté de vivre et une forte constitution qui lui permirent de résister à trois maladies éruptives souvent mortelles à cette époque et, plus tard, à bien d'autres sévices. Chose aussi étonnante, il survécut en dépit de l'incompétence des médecins qui, chargés de "conserver sa précieuse santé", accablaient le corps de leur royal patient de purges et de clystères.

Michelle Caroly

Après une carrière universitaire au cours de laquelle elle a enseignée la civilisation française à l'Université de Pennsylvanie (Etats-Unis), Michèle Caroly s'est retirée sur les rives de la Loire. Dans ce magnifique paysage qui entoure sa maison tourangelle, elle continue à écrire et à ravir ses amis par son énergie, sa culture et son humour.

Vous pourrez la joindre par Email : michellecaroly@usa.net

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Publications

Le corps du Roi-Soleil (Imago, Editions de Paris, 1990) ISBN 2-902702-66-3